Eaux Troubles

Eaux troubles

ll y a des guerres qui se déroulent sans armes, sans canon, sans la fureur des tanks. Mais qui font tout de même des victimes. Certes, de façon plus détournée mais presque aussi efficace. Entre Israël et les Palestiniens le conflit territorial dure depuis près de 70 ans. Il se double aujourd'hui d'une confrontation sourde autour de l'eau, source de vie essentielle dans cette région aride, quasi désertique par endroit. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon un rapport détaillé de la Banque mondiale un israélien dispose de 4 fois plus d'eau, en moyenne, qu'un palestinien. Et ce n'est pas tout :  450.000 colons utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens. Dans les faits, l'Etat hébreu contrôle largement les ressources aquifères de Gaza et de Cisjordanie. Une manière supplémentaire d'asseoir sa supériorité.
En Cisjordanie, l'agriculture souffre de cette pénurie. Le quotidien est notamment plus contraignant pour les habitants de la Zone C (sous contrôle total israélien). Certaines communautés bédouines, par exemple, ne disposent que de 20 litres d’eau par jour et par personne,  tandis que le minimum recommandé  (selon l’OMS) est de 100 litres par jour et par personne (à titre de comparaison, les colons israéliens bénéficient, eux, de 300 litres par jour par personne).Chaque année les Israéliens détruisent des puits fabriqués sans autorisation par les Palestiniens. L'eau n'est pas libre d'accès pour les habitants de Cisjordanie exceptés pour les colons qui bénéficient de puits plus profonds et donc d’une agriculture plus prospère.  
Dans certaines régions de la vallée du Jourdain, dotées d'abondantes ressources, l'eau est systématiquement déviée pour alimenter les colonies ou même l’Israël. D'ailleurs 40% de l’eau utilisée par l'Etat Hébreu provient de l’aquifère qui passe sous la Cisjordanie.Les jours de fête religieuse, les sources naturelles sont souvent accaparées par les colons.
A Gaza, la situation est encore plus critique pour les habitants : 96% de l’eau est impropre à la consommation, elle est gorgée de sel et polluée,  notamment à cause du sur-pompage en amont.  Fait aggravant : 40 % des infrastructures liées à l’eau ont été détruits durant l’opération bordure protectrice de l’été 2014. Les conséquences sont dramatiques, aussi bien au niveau sanitaire, qu’agricole.  Et malgré l’aide des ONG sur place, les gazaouis payent l'eau en moyenne presque 6 à 7 fois plus chère que les israéliens.Les conséquences de cette gestion de l'eau se déclinent un peu partout dans le pays.
La mer morte, ce joyau qui attire de nombreux touristes chaque année, diminue d’un mètre par an à cause du sur-pompage du Jourdain et du Lac de Tibériade.
Des inégalités qui provoquent des tensions grandissantes dans  le pays.De leur coté, les officiels israéliens affirment qu'ils rétrocèdent plus d'eau à leurs voisins que ce que prévoient les accords d'Oslo signés en septembre 1993 et que les écarts se resserrent entre israéliens et palestiniens.Pourtant des solutions existent. Israël dispose de technologies de pointe pour recycler l'eau, le pays possède aussi la plus grosse usine de dessalement au monde.   Ce reportage photo montre ce déséquilibre : en Israël, à Gaza comme en Cisjordanie.

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