The Front National: Enfranchized and outraged, France's right wing extremist party

Since her election, in 2011, to the presidence of the party founded by her father, Jean-Marie Le Pen, Marine Le pen has begun a process of un-demonizing her far right wing party. The FN no longer frightens; it is attracting new militants and the "longtime" sympathizers are coming home to roost. The party is becoming more professional, its apparatchiks toning down their statements in public speeches. In the South nowadays, FN candidates shake the hands of their socialist and UMP (conservative) opponents at public markets.
Despite this, when seen from within, The Front National remains faithful to its founding principles: national priviledge, the defence of Christian values, crime fixated policies, denigration of immigrants, xenophobic outbursts and an obsession with Islam. These remain the common denominators between all the activists and sympathizers that I met in the South of France.In the local elections of March 2014, 11 town halls fell to the Front National. With 24,85% of the vote, the Front National came top in the European elections of May 2014. Like their right wing colleagues throughout Europe, the extreme French right-wing has gained ground with each local election.
Marion Maréchal Le Pen,  niece of the president, and grand-daughter of its founder, became France's youngest MP in 2012. At the FN's last conference she reached out to delegates and is positioning herself, behind her aunt, for an even more ultra-right wing succession. One clan, one family is rattling the French political landscape.

 

Les engagés enragés du FN
Par Joel GOMBIN
Le travail de France Keyser montre ceux qui, au Front national, font l'affiche. Les têtes d'affiche – de père en fille – comme ceux qui les collent. Ceux qui s'y voient déjà, en haut de l'affiche, comme ceux qui, surtout, ne veulent pas s'afficher.
Étrange et intéressante idée au fond que de vouloir photographier un parti dans lequel, plus que tout autre, le rapport à la visibilité, à l'affichage, est essentiel. Le paradoxe est que, malgré la « dédiabolisation » – ce récit selon lequel le Front national n'aurait plus rien à cacher –, les électeurs du Front sont à la fois de plus en plus nombreux et toujours invisibles. Parce qu'ils appartiennent à cette « France des invisibles », décrite par les sociologues, et qu'ils s'épanouissent dans le secret de l'isoloir et de leur for intérieur, comme honteux. Le FN offre ainsi une existence à ceux qui ne peuvent ni ne veulent se montrer. Le mécanisme de la représentation, qui donne corps à un groupe social, est en même temps acte de dépossession par lequel le représentant phagocyte symboliquement le représenté ; par cette remise de soi, disait Pierre Bourdieu, les sans-voix reconnaissent à leur porte-voix le droit non seulement de porter un message en leur nom, mais aussi d'élaborer ce message. Représenter, c'est ainsi nécessairement trahir ; ceux qui entendent représenter en dénonçant la trahison des autres trahiront-ils encore plus ?
Le reportage photographique met en images le caractère extraordinairement ordinaire des soutiens du Front national. Les militants que France Keyser photographie ont, certes, des « gueules » ; mais c'est précisément ce qui les rattache à un peuple que la vie politique, dominée par les agences de communication et les banques d'images, ne montre plus. Gens ordinaires, gens du commun, ils misent sur des représentants hors du commun – car Marine Le Pen a beau vouloir « faire peuple », qui peut dire qu'elle est ordinaire ? Il y a dans cette projection dans des leaders touchés par la grâce – selon l'étymologie du « charisme » – un procédé par lequel chacun peut sortir de l'ordinaire et entrer, comme par effraction, dans l'Histoire. Voter pour Jean-Marie, Marine ou Marion Le Pen, c'est un peu participer de leur épopée, c'est ressentir le frisson de David qui, à l'aide de sa fronde (électorale), fait vaciller sur ses fondations le Goliath des puissants. En un cliché, la photographe dévoile ce que le sociologue peine à expliquer.
Et puis il y a ceux que le Front préférerait laisser hors champ : les crânes rasés, les naz-bols, tous ceux qui ne rentrent pas dans le cadre de la belle histoire que raconte Marine Le Pen. Il y a aussi, à mi-chemin, ceux qui ont pour fonction de rappeler, à côté d'une dirigeante au sourire rassurant, que le Front national reste un parti avec lequel on ne plaisante pas. Ainsi des hommes du DPS – le département protection et sécurité – à la mine patibulaire omniprésente. Ainsi aussi de la mise en scène récurrente de la violence, de la puissance virile, de Thanatos. Histoire de rappeler que le combat engagé avec le Système est un combat à mort, qui réclame un engagement total, sans faille et sans état d'âme. Dieu vomit les tièdes. Le Pen aussi.
Les affiches du Front national tapisseront encore longtemps les ponts au-dessus des routes provençales ou les murs des cités méditerranéennes. Les photographies de France Keyser nous rappellent que, derrière ces affiches, il y a des hommes et des femmes – nos semblables, qui nous sont pourtant tellement étrangers.

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