Parias, les Roms en Europe. Première partie: à l'Est de l'Ouest - Pariahs, Romas in Europe. First part: East of the West.
PARIAHS, GYPSIES IN EUROPE: FIRST CHAPTER, EAST OF THE WEST
In July 1999, after Serbian forces had just left Kosovo, and while NATO soldiers patrolled streets emptied of their Albanian inhabitants, deported en masse by Slobodan Milosevic’s government, I photographed a neighborhood of burning houses in the uplands of Pristina. These were gypsy homes.
Accused of collaboration with the Serbs, they were regrouped in refugee camps under the protection of NATO forces, before departing discretely for Serbia.
Ten years later, I found the gypsies of Kosovo living in Belgrade beneath overpasses, under stations, or hidden in the woods where no one could to see them.
Before the 2nd World War, the biggest minority in Europe was the Jews. My grandparents, Polish Jews, arrived in France at the beginning of the 20th century, fleeing poverty and racism. When I was young, my mother spoke often, crying of them and her little sister, who was deported with them at age 13. Before the catastrophe, the Jews of villages and ghettos shared with the gypsies being excluded from the societies in which they lived. And then, Auschwitz happened. There, Jews and gypsies lived in hell.
Today, the gypsies are the biggest minority on the European continent. They are still as miserable and undesirable.
In this new European space conceived of to avoid that, the follies of men, the politics of stigmatization are remerging. Rejected because of poverty and hate in their countries, vulnerable and fragile, in search of a place to breathe, they become here and there an election issue.
PARIAS. LES ROMS EN EUROPE: PREMIERE PARTIE, A L'EST DE L'OUEST
En juillet 1999, alors que les forces Serbes venaient de quitter le Kosovo, et que les soldats de l’OTAN patrouillaient dans des rues encore vides de leurs habitants albanais expulsés massivement par le gouvernement de Slobodan Milosevic, je photographiais dans un quartier sur les hauteurs de Pristina des maisons qui brûlaient. C’était des maisons de Roms.
Accusés de collaboration avec les Serbes, ils furent regroupés dans des camps de réfugiés sous la protection des forces de l’OTAN, avant de partir discrètement vers la Serbie.
Dix années plus tard, je retrouvais les Roms du Kosovo vivant à Belgrade sous des ponts d’échangeurs, sous des gares ou cachés dans des bois d’où personne ne pouvait les voir.
Avant la dernière guerre, la plus grande minorités en Europe était les Juifs. Mes grands- parents, juifs polonais, sont arrivés en France au début du vingtième siècle pour fuir pauvreté et racisme. Quand j’étais jeune, ma mère me parlait souvent en pleurant d’eux et de sa petite sœur, déportée avec eux à l’âge de 13 ans. Avant la catastrophe, les Juifs des villages, des ghettos, et les Roms partageaient l’exclusion des sociétés dans lesquelles ils vivaient. Ils étaient aussi misérables les uns que les autres. Et puis il y a eu Auschwitz. Juifs et Roms y ont vécu l’enfer.
Aujourd’hui, les Roms sont la plus grande minorité du continent européen. Ils sont toujours aussi misérables et indésirables.
Dans ce nouvel espace européen conçu pour éviter que recommencent les folies des hommes, des politiques d’état les stigmatisent. Rejetés par la pauvreté et la haine dans leurs pays, vulnérables et fragiles, à la recherche d’endroits pour souffler, ils deviennent ici et là un enjeu électoral.