Souvenirs de la frontière
"Thank you, you just took the worst picture of me ever... But I will keep it and remember everything I went through when I'll see it." Mostafa, 18, Iraq.
They are Syrians, Iraqis, Afghans and Pakistanis. Kurds, Tajiks and Yezidis. Muslims, Christians and atheists. They are engineers, students, farmers. Rich and poor. Intellectual or illiterate. Each one talking about his dreams in the suspended time of exile.
Where they come from, the future no longer exists. The reasonable hopes that everyone is entitled to have for a peaceful life have died under the blows of inexorable political violence. From then on, the departure is not only the search for a refuge, it is also - and perhaps above all - the search for a way out of an existence that no longer had one.
Making their portrait with my 4x5 inches camera and instant films was a way to escape from the media discourse on the "migrant crisis". Bringing the multiple back to the singular, giving faces and names to the crowd - giving a place to women, children and men in the midst of numbers and measures... Beyond that, it was a way to leave them an image that they could take with them. A fragment of the long road they took to their new life. A souvenir of the border.
Photos taken at the Tovarnik border crossing between Croatia and Hungary and at the Szentgotthárd border crossing between Hungary and Austria.
"Merci, tu viens de faire le pire portrait de moi de tous les temps. Mais je le garderai et je me souviendrai de tout ce que j'ai traversé en le voyant." Mostafa, 18 ans, Irak.
Ils sont Syriens, Irakiens, Afghans et Pakistanais. Kurdes, Tadjiks et Yézidis. Musulmans, chrétiens et athées. Ils sont ingénieurs, étudiants, paysans. Riches et pauvres. Intellectuels ou analphabètes. Chacun déclinant ses rêves dans le temps suspendu de l'attente, en langue arabe, turque, farsi ou pachtoune.
D'où ils viennent, l'avenir n'existe plus. Les espoirs raisonnables que tout un chacun est en droit de nourrir envers la vie sont morts sous les coups d'une violence politique inexorable. Dès lors, le départ n'est pas que la recherche d'un refuge, c'est aussi – et peut-être avant tout – la recherche d'une issue à une existence qui n'en avait plus.
Faire leur portrait à la chambre était une manière d'échapper un temps au discours politique sur la «crise des migrants». Ramener le multiple au singulier, dégager des visages et des noms au milieu de la masse, donner une place aux femmes, aux enfants et aux hommes au milieu des chiffres et des mesures. Au-delà, c'était (grâce aux films instantanés) leur laisser une image qu'ils pourraient emporter avec eux. Un fragment du long chemin qu'ils ont emprunté vers leur nouvelle vie.
Un souvenir de la frontière.
Photos réalisées au poste frontière de Tovarnik entre la Croatie et la Hongrie et au poste de Szentgotthárd entre la Hongrie et l'Autriche.